Marseille, ville capitale pour l’internet en 2020 - MDP 68
pour l’Europe, l’Afrique, l’Asie et le Moyen-Orient
30 juillet 2020 11:48
Il est sans doute difficile de se l’imaginer, mais si nous pouvions nous représenter concrètement Internet comme un pays, ce serait le troisième plus gros consommateur d’énergie de la planète juste derrière les Etats-Unis et la Chine.
Pour fonctionner, Internet a besoin d’infrastructures géantes : d’abord, des câbles sous-marins qui représentent aujourd’hui 32 fois le tour de la terre, puis des centres de données (data centers) pour conserver nos données, enfin, des serveurs par millions. 99% de nos échanges virtuels passent par ces câbles sous-marins, 1 % par les satellites dont le débit est trop faible. Ces câbles de communication, d’abord installés par les opérateurs nationaux sont aujourd’hui majoritairement l’affaire des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) qui détiennent plus de 50 % du marché (en 2025 ils en posséderont 90 %). Et pour ce qui est des data centers ? Habituellement ces bâtiments immenses, où sont gardés tant les serveurs que les données informatiques, sont toujours en lien avec les grandes capitales : Londres, Madrid, Paris, Stockholm, Amsterdam, Bruxelles ou Vienne... Alors que vient faire Marseille dans ce paysage ?
Tout le monde sait que Marseille est déjà la capitale du ballon et de la pétanque (eh oui !), mais sait-on qu’elle est sur la point de devenir une ville capitale pour l’internet ? Et ce n’est pas une blague ! Ecoutez un peu...
La cité phocéenne, « gate way » du numérique
A la suite de ruptures de changements et d’évolutions majeures dans les technologies, Marseille est devenue en moins de cinq ans un lieu stratégique dans la bataille pour les usages du numériques pour les entreprises de demain. C’est ici même, au cœur de la cité phocéenne qu’arrivent quatorze câbles sous-marin de communication qui permettent d’acheminer les informations numériques tout autour de la Méditerrané, jusqu’au Moyen-Orient et l’Asie. Les atouts de la ville sont considérables et, sur un plan géographique, d’une importance stratégique que tout le monde a bien perçue. Marseille est aujourd’hui le dizième nœud mondial de concentration de réseaux et d’échanges de données par le net. Par ici passent toutes les données desservant l’Europe, l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Asie. Et ce réseau n’a pas fini de se déployer.
Nom de code MRS3 « Martha »
C’est la société Interxion, un hub d’interconnexions, qui connaît déjà bien la ville puisqu’elle y a déjà MRS1 (à la Joliette) et MRS2 (porte 4, près du port), qui est aussi en charge de ce nouveau projet, MRS3, qui sera implanté dans « Martha ».
Mais qu’est-ce donc que « Martha » ? Un ancien bunker de 251 mètres de long par 45 de large, bâti par les Allemands en 1943 pour y remiser leurs sous-marins et laissé inachevé suite au débarquement des Alliés en août 1944. C’est là que s’implantera MRS3. Il servit longtemps de réserve à l’armée, puis pour les services des douanes avant d’être abandonné. Depuis des années l’Etat et le GPPM (Grand Port Maritime de Marseille) ne savaient qu’en faire. Interxion a trouvé ici un lieu béni proche de la ville comme du port. Ils ne seront pas à l’étroit là-dedans. Bien sûr, il a fallu faire des travaux très importants pour mettre le lieu aux normes. C’est fait ! Et les premiers clients, qui pourraient être Netflix, Apple, Microsoft, sont attendus dans ce lieu hyper-sécurisé depuis le début de l’année 2020.
A l’heure où nous sommes tous dépendants de communication par Internet, on voit combien Marseille a su prendre sa place dans le virage essentiel du numérique. Et nous pouvons peut-être encore plus en mesurer l’importance dans la période que nous vivons tous actuellement, en lien avec la « guerre bactériologique » traversée qui force aux changements. Confinés dans nos maisons, nous pouvons toutefois rester ouverts sur le monde grâce au progrès technologique que nous offre le numérique.
Nathalie Seisson
Cet article a été inspiré par l’émission radiophonique de France Culture, « La tuyauterie d’internet ». Remerciements à la société Interxion pour les illustrations.
Article publié en provençal maritime dans le magazine Me Dison Prouvènço n°68.
Illustrations : Interxion
Article consultable en version PDF :
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